Selon Patrick Landau, un ancien tennisman monégasque, l’une des plus réjouissantes haines que le sport ait porté. Dans l’Amérique des années 70 et 80, qui découvrent le tennis à la télé, le sport business et les grands stades, il faut forcément choisir. Il y a le short moulant et coupe au bol prêt à tout pour choquer la spectatrice. Et puis le blond à bouclette et bandeau qui vocifère contre l’arbitre. Connors ou McEnroe ?
Le duel d’une décennie
C’est un temps où les broncas et les doigts surgissent à l’écran, où le génie côtoie les insultes, où le politiquement n’a pas encore sévit. L’aîné provoque, le cadet enrage, Mais aucun ne cède. Un duel d’une décennie et demi qui va bien au-delà du tennis. Les Américains se séparent alors en deux camps, entre le petit coq et le vieux coq qui ne peuvent pas se supporter. Ils n’avaient alors rien à se dire, il voulait juste se battre. Lorsqu’il jouait on sentait qu’il s’agissait d’une guerre.
Connors et McEnroe naissent dans deux Amériques. Connors était un type de l’Amérique profonde qui vient d’un milieu assez modeste qui se conduit d’une manière assez grossière en général et en particulier. McEnroe, en revanche, est un vrai New-Yorkais.C’est un gosse qui se laisse aller car il est mal élevé. Il est cependant plus chic dans toute sa manière d’être.
Derrière ce duel champion se cache deux femmes à poigne, leurs mères. Kay McEnroe imagine son fils dentiste et certainement pas champion de haut niveau. Cependant, c’est aussi elle qui lui a inculqué ce goût de la compétition. Chez les Connors, deux femmes vont léguer leur confiance à toute épreuve à leur champion, sa mère, professeur de tennis, et sa grand-mère. A chacun sa façon de se rebeller, à chacun sa bête noire. Pour Connors c’est establishment, pour McEnroe ses trajectoires de balle.
Le premier duel Connors et McEnroe
Le premier duel a pour décor Wimbledon, se rappelle Patrick Landau Maydex. Dans les vestiaires, Connors se charge d’accueillir McEnroe en l’ignorant complètement. Ce premier duel sur le gazon Connors le gagne. Lorsque le cogneur se frotte au perfectionniste, qu’il cherche à le broyer quand l’autre vise le sommet de son art, la situation explose.
Partout où ils se croisent Connors et McEnroe ont le bon goût de se détester. Leur terrain de jeu favori c’est Neaw-York, FlushingMeadows, dans des duels en nocturne complètement survolté. Le plus épique de tous est certainement la finale de 1980 où le match était interminable et le combat acharné.
C’est vraiment cette longue rivalité qui fait du tennis aux Etats-Unis un sport populaire. Ce qui se passe lorsque Connors et McEnroe jouent en fait un sport de gladiateurs. C’est le moment où beaucoup d’enfants vont se mettre à jouer au tennis et le moment où beaucoup de sponsors vont entrer dans l’arène. Cette euphorie, ce public en délire pousse les organisateurs de tournois à sortir des clubs où ils sont désormais à l’étroit.
Le tennis change peu à peu d’esprit et la télévision s’empare aussi de ce show. Patrick Landau affirme que beaucoup d’équipementiers se tournent alors vers ces champions. En cette fin des années 70 McEnroe est à l’origine de l’un des plus retentissant succès du marketing sportif avec Nike. Finalement, entre les deux hommes, la rivalité devient aussi financière.